Sur les bons conseils d’amis d’amis (merci à tous pour vos contacts, et on est toujours preneurs pour la suite du voyage), on s’est dirigé vers la zone de Guatapé pour une semaine de détox complète : vie en communauté dans une ferme qui pratique la permaculture, le tout à 30 min à pied du village, avec un programme qui se rapproche plus d’une semaine de « retraite » qu’autre chose :
- 6h15 : Lever
- 6h30 : Cours de yoga
- 9h à 12h : Exercices et cours d’espagnol
- L’après-midi : cours de permaculture et travail au jardin, ballade dans les montagnes du coin
Côté orga :
- Pas de WiFi
- Pas d’alcool
- Tous les repas étaient végétariens avec des ingrédients venant au maximum du jardin. Soit pas de fromage, pas de lait. C’était pas vegan (on leur a fait des crêpes avec des œufs pondus moins de 3h avant), c’était local.
- Vaisselle à tour de rôle + repas du soir à préparer nous-même par binômes répartis sur la semaine avec le groupe (2 canadiennes, 1 couple américain, 1 allemande, un anglais).
Au bilan de la semaine :
- Coup de cœur pour le yoga au réveil, 5 jours consécutifs par séances d’1h30, c’était une première pour nous deux et c’est vraiment agréable. Au point qu’on a même fait une séance par nous-même un jour où la prof était malade.
- On a bien tenu sur le WIFI : bon bah y’a pas à dire la digital détox coupés du monde, ça fait du bien.
- La bouffe, c’était dur. C’est pas tant qu’on soit en manque de viande ou de fromage, c’est surtout que manger ce qui pousse dans la ferme n’interdit pas de chercher à le cuisiner pour que ça ait du goût. Difficile de dire ce qui vient de la culture colombienne (non française serait peut-être plus exact) ou de la volonté de faire local uniquement, mais c’est quand même dommage de faire pousser des laitues aussi belles pour les manger souvent sans aucun assaisonnement…
- On a craqué pour la bière de fin de journée qui fait du bien en passant au village pour une session d’échange linguistique avec les locaux qui apprennent l’anglais (je te parle en espagnol, tu réponds en anglais).
Une semaine assez particulière, car au-delà des découvertes, c’est surtout la première fois qu’on est confrontés concrètement à une vie proche du 0 déchets. Un retour à la terre concret et facilité, mais qui nous a percuté sur pas mal de choses, et dont les graines semées influencent déjà la suite du voyage.
La patronne de la semaine
Paola, la jolie trentenaire qui tient son EcoHostel Medellin, a une patate d’enfer.
Initialement, elle était productrice de TV installée à Miami. Seule de sa famille à avoir fait des études, elle était sur des rails pour faire une jolie carrière dans la prod TV. A l’orée de ses 30 ans, et alors qu’elle n’avait même pas l’excuse d’avoir fait une école de commerce, et bien figurez-vous qu’elle voulait quand même changer de vie !
Pile : je pars à New York sans aucune idée de ce que je vais y faire. Face : je passe 1 an chez mes cousins pour voir si la permaculture, ça me parle. 1 an de bonheur confirmé et développé par 1 année en France pour faire un master à la Sorbonne sur le sujet, la voici qui s’installe dans une petite ferme pour monter son concept de Gite / Cours d’espagnol (pour attirer le chaland) / Ferme.
8 ans de bonheur, d’énergie et de débrouillardise plus tard, la voici avec son petit hostel d’une dizaine de lit qui tourne bien, et elle qui se sent plus heureuse que jamais.
http://www.ecohostelmedellin.com/
La Permaculture, qu’est-ce que c’est ?
Brieuc avait naturellement déjà lu sur le sujet, moi j’en avait entendu parler pour la première fois dans le film Demain (que nous vous recommandons d’ailleurs chaudement, même pour les haters de Mélanie Laurent). C’est une réflexion sur les systèmes naturels, créée dans les années 70 par 2 Australiens.
A l’instar de l’agriculture bio ou de l’agroécologie, la permaculture n’est pas à proprement parler un système agricole. Elle consiste à construire des installations humaines durables et résilientes. L’esprit de la permaculture est de relier tous les éléments d’un système les uns avec les autres, y compris êtres humains.
En fait je paraphrase un article très clair et synthétique qui explique les différences entre agriculture bio, agroécologie et permaculture : https://www.colibris-lemouvement.org/magazine/permaculture-agroecologie-agriculture-bio-quelles-differences temps de lecture 3 minutes
Chaque système de permaculture est différent, il varie en fonction du climat, des ressources existantes et du but recherché. Concrètement avec Paola, nous avons expérimenté « sa » permaculture, dont le but est de prodiguer fruits, légumes, œufs, herbes médicinales pour elle et ses étudiants tout au long de l’année. Notre petite participation nous a permis d’expérimenter :
- La fabrication d’engrais naturels, par le compost alimentaire (les déchets alimentaires sont mangés par des lombrics dont les excréments forment du « humus », engrais parfait pour les jeunes pousses) et le compost à base d’excréments de chèvres et poules qui mélangés à de le paille, en fermentant (mmmiam !), forment un engrais parfait pour enrichir les sols grâce à une forte teneur en azote.
- Nous avons bêché la terre et planté des légumes avec comme principe de rechercher la complémentarité des espèces. Par exemple, la courgette qui prend de la place au sol va être associée au maïs doux qui pousse verticalement. Ou à côté de plans de carottes on plante de l’aneth qui sert de répulsif naturel aux moucherons
- Nous avons créé de jeunes pousses d’herbes médicinales à partir des plantes actuelles pour avoir une production suffisante pour la consommation de tisanes en tous genres
On aime/On n’aime pas
- On aime du luxe d’avoir du temps pour ces découvertes.
- On n’aime pas faire la vaisselle à l’eau froide et au savon fait-maison qui ne rince pas la graisse
- On aime le combo ratatouille maison + pomme au four et Cervelle de canut qu’on a fait quand on était de diner. On leur a bien montré aux ricains ce que c’est que la France, et pas n’importe laquelle.
- On aime prendre une bière à l’occasion des sorties au village avec ce petit goût de transgression qui nous fait revenir à l’adolescence.
- On aime le yoga à la fraîche, et on n’était pas les seuls :
« Comment ça à 6h30 j’ai la tête dans le cul ? »
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