Pâques je le vaux bien

Avant de quitter pour de bon l’Amérique du Sud, on a eu le droit de faire un dernier stop sur le bout de terre habité le plus isolé au monde : l’île de Pâques. Perdus au milieu du Pacifique, à presque 3 000 km du premier Mc Do, le sentiment d’isolement n’est pas factice.

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Un stop de 36h, largement le temps de faire les 20km de long de l’île, surtout avec notre fidèle destrier.

124 km/h record à battre

Le refus des autorités locales de laisser Brieuc voler dans le parc naturel et (surtout) la mauvaise orientation du vent ne permirent pas de faire la photo en vol sur fond Moaï espérées, mais c’était une belle conclusion à ces 5 mois de pérégrinations en terres hispanisantes.

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Le XV de Pâques pendant les hymnes
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Où est Charlie ?
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Il vit par ici, je crois

 

A votre écoute, coûte que coûte

On nous a récemment posé pas mal de questions très pratiques sur le voyage, donc on va en profiter de cette fin de première étape pour y répondre :

Comment êtes-vous logés ? Question de Marielle, de Glandage (Drôme)
La plupart du temps en auberge de jeunesse, communément appelés Hostel, qui proposent dortoirs ou chambres doubles, avec cuisines et sanitaires communs. C’est économique sur le logement et ça offre la possibilité de se faire à manger sans aller au resto à chaque fois. Et évidemment ça permet de rencontrer du monde en permanence.

C’est pas trop pénible d’être à deux en continu depuis 5 mois ? Question d’Anatole, de La Baffe (Vosges)
Si.

 

 

 

Vraiment ? Question de Philippe, de Mouais (Loire-Atlantique)
Non en fait, ça va bien, ça ne nous pèse pas. Parce qu’on ne s’est pas encore lassés. Et qu’on passe notre temps à rencontrer des gens, parfois même quand on veut pas (cf la rencontre de la semaine)

Vous mangez quoi ? Question de Léopold, de Bidon (Ardèche)
On a beaucoup fréquenté les cantines locales. Dans presque tous les pays traversés, on trouve le « Menù del dia », formule économique et déjeuner de tous les locaux (Colombie, Pérou, Bolivie), souvent beaucoup moins cher que de se faire à manger soi-même.

Quelques détails varient, mais c’est quasiment toujours

  • 1 soupe épaisse avec des bouts de légumes
  • 1 viande / poisson au choix avec ses légumes du coin (ah… les petites bananes plantain frites et les avocats succulents vont nous manquer)
  • 1 jus (de fruit en Colombie, de maïs fermenté au Pérou)

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On en trouvait parfois aussi pour le soir, mais plus rarement. Ce qui nous a surpris, c’est que ces cantines ne sont quasiment pas fréquentées des touristes. On a même vu des voyageurs assez roots s’inquiéter de l’hygiène à l’idée d’aller manger dans ces gargotes qui nourrissent au quotidien 70% de la populace… Ils passent à côté d’un truc, clairement.

Et le soir, c’est popotte à l’hostel en essayant au maximum d’acheter local avec le plaisir simple des petites salades avocat-tomate.

Vous avez pris quoi comme affaire dans vos sacs à dos ? Question de Jean-Patrick, de Bizou (Orne)
Ouh la la, ce serait un peu compliqué de répondre en 2 lignes. Mais en gros on n’est pas mécontents, car on avait visé au plus juste pour faire les sacs en trouvant des conseils sur des blogs de voyageurs, et depuis le départ on a à la fois tout utilisé et manqué de rien. Après, il faut pas être exigeant quand on vit avec 3 T Shirts, 2 pantalons et 1 polaire pendant 1 an… Total : sacs de 70L avec 13kg, dont 25L et 2,5kg de parapentes chacun.

Mais vous parlez espagnol ? Question de Marcelle, de Hébécrevon (Manche)
Hélène pas du tout, mais elle a appris avec une app (Babbel) + la semaine de cours en Colombie et  surtout en s’y collant tous les jours 1h à 2h pendant les 3 premiers mois. Elle tient sans problème les conversations et trouve ça, quand elle se la pète, plus facile que l’allemand, le polonais, l’anglais et le français. Quelle pimbêche.
Brieuc, lui, l’avait étudié à l’école, et les souvenirs scolaires ont compensé une assiduité relative aux révisions.

Vous restiez longtemps dans les coins où vous passez ? Question d’Amédée, de Poil (Nièvre)
A moins d’être en itinérance pure (randonnée, trip dans la jungle, tours du Salar en Bolivie), on est restés au minimum 2 ou 3 nuits dans les hostels et régulièrement on a passé une semaine dans des endroits coup de cœur.

C’est quoi une journée « type » ? Vous n’êtes pas trop déconnectés ? Question de Michel, d’Angoisse (Dordogne)
Pas vraiment de journée type, mais cet énorme luxe d’avoir du temps : prendre le pouls d’une ville ou d’une région une fois sur place avant de décider ce qu’on va faire (y compris ne pas rester si le coeur nous en dit) ; prendre le temps de quelques matinées et soirées détentes dans les hostels pour rencontrer les partenaires de bière d’un soir, de visite pour le lendemain ou de quelques jours de rando.

On n’avait pas vraiment l’impression d’être déphasés, ni coupés du monde, car on a du wifi partout et que finalement, déconnecter vraiment est bien plus dur que l’inverse. Mais bon, en expliquant à un pote que « il nous reste 3 semaines au Chili, c’est bientôt la fin », on a pris conscience que notre notion du temps qui passe avait quelque peu évolué.

C’est quoi votre meilleur souvenir ? Question de Paulette, de La Mouche (Manche)
On n’arrive pas à répondre au singulier à cette question qui nous est posée régulièrement. Parce qu’un souvenir ça peut être l’ambiance d’un lieu, le plaisir d’un moment partagé ou un petit chalenge relevé, et parfois un peu des trois. Mais si on devait retenir quelques expériences marquantes :

Mais vraiment, le coeur de notre plaisir est dans les rencontres. On a pas eu de moment de lassitude l’un de l’autre mais parfois, après quelques jours de visites / voyages sans imprévus ni compagnons de route, on était réellement en manque d’échange.

On pense bien sûr à nos potes / parents retrouvés sur place pour partager un bout de chemin ou quelques pisco sour de trop, mais aussi au plaisir de rencontrer des gens dans un pays et de les retrouver par hasard 2 mois plus tard et 3000 km plus loin.

Et on se répète, mais ce qu’on connaît des pays traversés, c’est avant tout les locaux qui nous l’ont raconté, et on remercie une fois de plus tout ceux qui nous ont mis en relation avec leurs potes / amis / anciens collègues sur place.

C’est tout ça, notre Rencontre de la semaine

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Un dernier truc un peu chiant avant de rigoler

« L’Histoire dira que vous avez eu tort… Et si j’en suis certain, c’est parce que c’est moi qui l’écrirai ! » lança le député Winston Churchill en 1936 au premier ministre anglais de l’époque lors d’un débat à la chambre des communes.

C’est une de mes citations préférées (les autres sont de moi), mais c’est surtout un beau rappel que ces sont toujours les vainqueurs qui écrivent l’Histoire. Et les pays visités en Amérique du Sud donnent une bonne illustration du rôle de la Culture et de l’Histoire dans la construction d’une puissance dominante.

Le voyage a mis en lumière notre méconnaissance de l’histoire du continent, et on a découvert en chemin à quel point chaque petit bout de terre avait eu son lot de sang. Pas juste des conflits armés « classiques » ou bien les moments où les militaires du coin s’ennuyaient dans leur caserne et allaient faire un tour en ville histoire de dérouiller les chars et prendre le pouvoir par la même occasion. C’est du petit bois, de la ritournelle, de l’échauffement pour une première année de fac d’Histoire. Mais des génocides, et jusqu’au XXe siècle, ça on l’ignorait.

Des espagnols qui ont fait un sort à 18 millions d’Incas en 50 ans, aux peuples nomades de Patagonie exterminés entre 1880 et 1890 par des chasseurs de prime car ils gênaient l’installation des fermiers européens venus élever des moutons, en passant par les Indiens Mapuche au Chili, victimes très longtemps des mêmes pratiques et qui, encore aujourd’hui, subissent des expropriations sauvages des multinationales du bois et du saumon, aucune zone n’est épargnée.

Sans faire de philosophie de comptoir sur la violence dans l’Histoire, notre naïveté s’est vu rappeler qu’il n’y a aucune raison à ce que la barbarie et l’avidité ne soient pas allés jusqu’aux terres les plus isolées.

Si ce récit n’est pas parvenu jusqu’à nous, c’est peut-être aussi parce que l’Histoire d’un pays s’écrit avec plus ou moins de liberté selon les influences et la vie politique du pays. Bien que peuplade historique représentant encore aujourd’hui 10% de la population du Chili, les indiens Mapuche sont complètement invisibles et leur langue et culture sont délibérément ignorées dans tout le pays.

Les vainqueurs ont écrit l’histoire, mais les participants ne sont pas en paix avec l’arbitre. Entre la colonisation, la forte immigration européenne puis la gigantesque influence américaine, leur histoire turlupine vraiment les locaux, chiliens et les argentins en particulier. Nombreux sont ceux qui nous ont décrit un sentiment étrange de ne pas avoir leur « propre culture ». Notre guide de la ville de Valpairaso, un artiste fils d’une attachée culturelle, ayant grandi dans les ambassades en Suisse et en France – nous a même dit se sentir « un occidental de 2e classe ».

« 3e classe » lui a-t-on répondu, outrés devant son arrogance de jeune parvenu.

 

Nos TOPS Amérique du Sud

Top bizarreries

  • Les saucisses péruvienne dont il ne faut pas manger la peau (raté)

  • Les emballages souples pour le lait, packaging le plus débile au monde depuis l’invention du système d’ouverture de la Vache qui Rit.
Et j’en fais quoi si je bois pas tout ?

 

  • Les éboueurs d’Arequipa au Pérou, qui se baladent toute la journée en diffusant en haut-parleurs la musique de la Petite Sirène

https://www.facebook.com/terredinspiration/videos/1273870062754265/

 

  • L’habitude étrange de laisser systématiquement sur les télés les stickers et l’étiquette info-Energie, même quand elles masquent une partie de l’écran ( on a vu ça partout, du petit resto au fond du Pérou à l’auberge branchée au Chili).
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5 ans qu’elle y est l’étiquette

 

Top 2 des meilleurs noms de ville

  1. Juyjuy en Argentine. Se prononce plus ou moins Ouïlle Ouïlle. C’est où Juyjuy ?
  2. Iquique : cf Chérie, j’ai agrandi le Pyla 

 

Notre TOP 3 des meilleurs restos :

  1. Le resto français de notre pote Valérie à Carthagène.
  2. Le resto français à Huaraz au Pérou
  3. Le resto français à Medellin en Colombie
    What else ?

 

Le top des trucs inutiles qu’on a fait :

  • Télécharger sur l’ordi l’intégrale des Tintin en espagnol pour se faire de la lecture facile pendant la remise à niveau linguistique. Jamais ouvert.
  • Prendre un savon de Marseille dans les bagages et croire qu’on allait laver nos vêtements nous-même pendant 1 an, alors que ça lave trop mal et que chaque hostel propose le service en 2h et pour quelques piécettes.
  • Avant d’aller dans la jungle, flipper sur les moustiques et le palu et acheter tellement d’anti-moustique jamais utilisé qu’on s’est résolus 3 mois après à faire une distribution gratuite au Chili.
  • Choisir un nom de domaine ronflant pour le blog, alors que zozoetzezette.fr aurait largement suffi.

 

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Tout va bien, le décalage horaire n’a pas d’effet sur nous

Voilà, adiós América del Sur, que le vaya bien. Direction la Polynésie. Croyez-nous, la suite va pas être triste.

 

PS : Le titre d’article auquel vous avez échappé

Pâques, c’est notre projeeeeeeeeeeeeeeeet !

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